Une réorganisation profonde et une vision de la francophonie plus offensive

_CETTE APPROCHE DE MANDE une vision globale et en même temps une contextualisation de l’action_

La Direction Asie-Pacifique de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) a eu, le 1er octobre 2020, une première entrevue avec son Recteur, M. le Professeur Slim Khalbous. L’équipe a eu des échanges intéressants sur les nouvelles orientations de l’AUF qui s’articulent, entre autres, autour de la réorganisation de l’AUF et de l’évolution de l’image de la francophonie, vers une approche plus attractive.

L’un des objectifs de l’AUF pour cette année est de préparer l’Assemblée Générale qui se tiendra en mai 2021, à Bucarest où doit être adopté le futur plan stratégique 2021-2025. Pour cela, une consultation mondiale « inédite » a été lancée auprès des décideurs politiques, des universités membres, mais aussi des étudiants et de la société civile, en s’appuyant sur la représentation de l’AUF dans une soixantaine de pays.

Le point central évoqué par le Recteur lors de sa rencontre avec la Direction Asie-Pacifique était la différenciation stratégique. « Nous ne pouvons faire la même proposition à nos 1007 membres alors que leurs besoins sont différents. Tout ceci demande une réorganisation profonde en interne et une autre façon d’aborder la stratégie qui est renouvelée tous les quatre ans. », a déclaré M. Khalbous.

Réorganisation interne

Pour ce qui est de l’interne, le Recteur souhaite mener une double approche 

  1. centraliser l’approche stratégique et les normes, car il y a des standards internationaux à respecter,
  2. décentraliser l’application au terrain en prenant en compte la diversité et les spécificités propres à chaque pays, région.

« Nous pourrions travailler ensemble sur des concepts qui peuvent être mondiaux, mais les programmes proposés au Laos ne seront pas les mêmes que ceux proposés au Cambodge, au Vietnam ou au Vanuatu. Cette approche demande une vision globale et en même temps une contextualisation de l’action. La gestion de la crise sanitaire était un test pour la faisabilité de cette nouvelle organisation que nous voulions mettre en place. », a précisé M.Khalbous en revenant sur le contexte de la crise sanitaire des derniers mois et la mise en place du plan spécial AUF pandémie. « La réussite de ce plan a permis de montrer que l’AUF pouvait réfléchir au niveau macro, faire une seule conception du plan, mais avec une application locale très spécifique selon les besoins de chaque pays dans lequel nous étions. »

Sur le plan managérial, M. Khalbous a aussi souhaité lancer une réforme de la structuration interne, dont notamment la création d’une nouvelle direction « réseaux » : « Il s’agit de mieux valoriser l’une des forces de l’AUF qui est de compter de nombreux réseaux : ce sont nos 1007 membres, mais aussi une centaine de réseaux disciplinaires et professionnels, et des réseaux de la francophonie scientifique avec un atlas de 18 000 experts. Afin de valoriser les compétences et les experts francophones, cette direction aura donc pour mission de donner plus de visibilité et dynamiser des projets de mobilités de réseaux. », a-t-il expliqué.

Développer une vision de la francophonie plus offensive

Autre défi à mener selon lui : renforcer l’image de la francophonie auprès de la jeunesse dans le contexte où beaucoup ne voient plus la francophonie comme terre d’opportunité. « Le rôle de l’AUF est de mettre en valeur les intérêts qu’apporte cette langue commune, sans pour autant être en opposition à aucune langue, c’est une démarche plurilingue. », a-t-il affirmé.

Selon lui, c’est la dimension scientifique qui pourrait donner plus de valeur ajoutée à la francophonie : « Soyons plus pragmatiques, nous avons des choses à offrir et à valoriser, notamment sur le plan scientifique, car les jeunes ont besoin d’innovation. C’est pourquoi nous ne parlons plus de la francophonie universitaire, mais plutôt de la francophonie scientifique, car elle est plus vaste. C’est aussi pourquoi l’AUF a décidé de créer sa direction « réseau » qui s’occupe spécifiquement de la question de l’expertise francophone et non seulement la question de développer la langue française parce qu’il y a beaucoup d’institutions qui le font déjà. »

Il est entendu également de renforcer l’attractivité de la francophonie au niveau institutionnel :

« Dans beaucoup de pays, le rôle de l’université n’est pas vu à sa juste valeur, notamment sur le plan économique. L’AUF est en soutien des universités. Elle a pour mission de valoriser la recherche et l’innovation produites par les universités et qui ont un impact sociétal. Cela veut dire développer leur visibilité, montrer en quoi elles peuvent apporter des clés dans la résolution des problèmes. Quoi de mieux que la science pour offrir des réponses ? »

Dans la stratégie de l’AUF, la région Asie-Pacifique est concernée de manière différente, M. Khalbous a conclu :

« Pour les universités dans les pays qui ne représentent qu’un faible pourcentage des francophones, l’AUF offre une possibilité d’étendre cette francophonie sans frontières grâce à la science. Lorsque l’AUF adopte le vocabulaire francophonie scientifique, c’est d’abord et essentiellement pour montrer qu’elle va au-delà de la francophonie universitaire.

Je l’appelle une francophonie sans frontières dans les pays qui ne sont pas traditionnellement francophones comme l’Asie.

Qui mieux que l’AUF qui représente le multiculturalisme pour accompagner un pays non francophone ? »

D’après la Lettre d’Information AUF Asie-Pacifique N°5 octobre 2020

octobre 19, 2020